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Chiang Rai et le Nord

La ville de Chiang Rai n’est pas des plus jolies, et à part un Night Bazaar où sont vendues des babioles et autre artisanat de pacotille, il ne s’y passe pas grand-chose.

Cet endroit nous a en fait surtout servi de pied-à-terre pour de jolies ballades en petite moto dans la région. Il s’agissait que d’une Honda Dream 100 cm3, sorte d’hybride entre vélomoteur et scooter, mais c’était amplement suffisant pour les routes de la région. Il faut dire que le respect du code de la route est assez approximatif, et qu’on trouve sur la chaussée chiens, poules et vaches. Une des grandes spécialités est le dépassement à des endroits dépourvus de visibilité, ou alors avec visibilité, mais avec la plus grande indifférence du trafic venant en sens inverse, d’autant plus s’il s’agit d’un deux-roues. Après tout, on doit bien pouvoir faire se croiser trois véhicules sur une route prévue pour deux. Et bien entendu, on roule à gauche ici, ce qui n’empêche pas sur les grandes artères d’avoir des motos ou vélos qui roulent à droite, pour ne pas avoir à aller sur la voie opposée si ce n’est que pour un court trajet.

Quant à la route elle-même, elle est relativement bonne, et il était parfois tentant d’imaginer prendre une plus grosse cylindrée, mais il y a tout de même un nombre considérable de nids de poule, quelques glissements de terrain, du sable, et surtout comme indiqué précédemment, les autres usagers.

Pour finir de brosser le tableau de la circulation routière en Thaïlande, j’ajouterai le fait que tout le monde ou presque conduit avec des tongs aux pieds, que certains téléphonent en conduisant en moto, et bien entendu en voiture, et qu’on est régulièrement asphyxiés par les gaz d’échappement des camions dont le diesel laisse un nuage noir et dense aux démarrages. Enfin, il suffit d’anticiper aux feux (quand on s’y arrête bien sûr), et de démarrer devant les poids lourds.

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que les gens roulent plutôt calmement. On n’a pas vu d’accident, mais j’imagine bien que ce ne doit pas toujours être joli-joli, surtout qu’on voit souvent une famille complète sur une moto (parents avec deux enfants), et que si le casque commence à être obligatoire dans certaines provinces, il n’est pas toujours porté, et de toute façon ces casques ne recevraient même pas une homologation pour faire du vélo avec en Suisse ou en Europe.

Nous avons donc débuté en douceur par une petite virée près de Chiang Rai, ayant repéré à l’office du tourisme (TAT, Tourism Authority of Thailand) des sources thermales à une vingtaine de kilomètres. Il ne faisait pas trop chaud ce jour-là, nous n’étions pas en grande forme de toute façon, L. était encore enrhumé et ma cheville était encore assez enflée suite à ma chûte en trekking. Donc relaxation dans la piscine thermale où s’amusaient des enfants et se délassaient quelques parents. La route n’a pas posé de problème, j’avais déjà une bonne expérience de la conduite à gauche après mes vacances en Nouvelle-Zélande l’an dernier, et j’avais déjà testé une moto de ce genre à Pukhet il y a trois ans, je connaissais le piège des vitesses inversées par rapport à une moto ordinaire. L. a assez vite pigé le truc au retour, et à part quelques problèmes de conduite à gauche dans certains carrefours, tout s’est bien passé.

Le lendemain, excursion à Mae Salong, village fondé par des résistants du KuoMinTang (ou Guomindang, bref, les opposants au communisme de Mao) réfugiés en Thailande. Une des attractions touristiques de la région, mais surtout rien d’intéressant, si ce n’est la jolie route pour y aller. On y a mal mangé et très cher, heureusement qu’on a trouvé d’autres bains thermaux au retour pour se relaxer.

Le troisième jour, on décide de bouger un peu sérieusement, et de partir quelques jours dans la région sur notre fidèle destrier. On laisse une partie des bagages à l’hôtel et en route pour la frontière Birmane et le Triangle d’Or !

Il y a bien une route qui mène directement à Mae Sai, ville septentrionale du pays, mais c’est presque une autoroute, sans grand intérêt. Nous la quittons donc assez rapidement et partons à l’assaut des petites routes qui serpentent le long des montagnes. Il fait beau, ça sent bon la nature, il n’y a presque personne sur les routes, c’est un vrai plaisir. On prend notre temps, on flâne, on s’arrête pour faire des photos, on est agréablement libres.

Bon, la route monte parfois très sec (et redescend de même, évidemment), mais cette petite Honda passe vraiment partout. Il parait que l’ancêtre de ce véhicule était utilisé par les communistes Vietnamiens, et qu’il leur permettait de se déplacer partout pendant que les Américains peinaient à se frayer un chemin avec leurs jeeps. Légende ou réalité, je n’en sais rien, mais tant qu’ils n’ont pas les moyens de s’acheter un pick-up, les Thaïlandais se déplacent partout avec leurs motos, et transportent de tout. Il me semble d’ailleurs qu’ils sont toujours en train de transporter quelque chose… c’est sans doute pour ça que l’embrayage est automatique sur ces motos, ils ont toujours besoin d’une main pour tenir ou porter un paquet !

Mae Sai est une ville assez animée, à cause du pont qui la relie à la Birmanie voisine. Pas mal d’échanges, et donc de commerce. En fait, surtout une grande rue, celle qui mène au pont où se trouve la douane, bordée de stands sans grand intérêt, de la camelote pour touristes, d’autres babioles plus locales, pas mal de couvertures et d’objets du genre. J’ignore si il y a des articles réellement intéressants grâce à la proximité de la frontière, mais je n’y ai personnellement rien vu de particulier.

Ce qui m’a le plus choqué dans cette ville, c’est la mendicité. Des enfants, des vieilles femmes, souvent accompagnées d’un bébé, qui viennent vous miauler de leur donner quelque chose. Ce ne sont pas les premiers mendiants que je vois en Thaïlande, il y en a dans toutes les villes, mais pas trop en général, mais là ils sont nombreux et insistants. Je suppose que ce sont des Birmans qui traversent la frontière pour profiter de la manne touristique, mais j’ai entendu toutes sortes de choses sur le côté organisé de cette mendicité, surtout quand des enfants y sont mêlés, que je refuse de donner quoi que ce soit.

En résumé, cette ville ne m’a pas franchement intéressée, elle fut surtout une étape de notre tour en moto.

Le Triangle d’Or

Le lendemain, nous avons mis le cap sur le point de confluence du Mékong, qui sépare jusque-là la Birmanie du Laos, et du fleuve qui trace la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie, bref, ce que les guides touristiques intitulent le Triangle d’Or. Le site n’a pas réellement d’autre intérêt que l’aspect géographique de jonction des fleuves, et le fait de voir d’un côté du Mékong la Birmanie et de l’autre le Laos. En fait, je parle tout le temps de Birmanie, mais depuis quelques années c’est du Myanmar qu’il faudrait parler, il faudrait que je me corrige… Donc rien à voir pour changer, des boutiques de souvenirs le long de la route, des restaurants, des bars, un musée ou deux musées de l’opium. On a voulu en visiter un, mais le droit d’entrée s’élevait à 300 baths par personne… soit environ ce qu’on paie pour une chambre d’hôtel pour deux, voire plus. Tant pis, je resterai ignare sur l’opium, de toute façon la drogue, c’est mal ;-)

Pour info tout de même, environ 95 % de la production mondiale d’opiacés provient de cette zone appelée Triangle d’Or, la région frontière entre ces trois pays. Mais bien évidemment pas juste sur ce point de jonction, les cultures se font dans les montagnes, à l’abri des regards indiscrets, et les revenus de ce commerce servent à armer les diverses ethnies en opposition avec les gouvernements birmans et laotiens. Pour la Thaïlande, je n’en sais rien, évidemment c’est toujours chez les autres que ça se passe, et ici le gouvernement tente de reconvertir les producteurs locaux à la culture du café et autres plantes politiquement plus correctes.

Notre route nous a mené par monts et par vaux jusqu’à une petite ville du nom de Chiang Kong, où nous avons apprécié une soirée calme sur les rives du Mékong.

Le mont Phu Chee Fah

Le jour suivant, nous avons repris la route dans les montagnes de la région en direction du mont Phu Chee Fah. Ca ne figure pas dans les guides touristiques, mais c’est un français établi en Thaïlande qui nous en a parlé deux jours avant, nous disant que c’est une des plus hautes montagnes du pays, et que les Thaïs aiment y aller à l’aube admirer le lever du soleil sur les brumes environnantes (apparemment, un peu comme la mer de brouillard qu’on peut admirer chez nous sur le Léman depuis le Jura). On s’est donc retrouvés, après avoir coupé par une route certes directe mais non goudronnée, dans une petite station touristique de montagne, mais dont la clientèle n’est pas particulièrement étrangère. On a tout de même réussi à y trouver un bungalow à louer et le personnel de l’hôtel nous a même aimablement dépannés, car une des chambres à air de la moto n’avait pas résisté aux chocs de la route défoncée.

A cinq heures du matin, nous nous sommes courageusement levés pour assister, nous aussi, au mythique lever de soleil sur les brumes recouvrant le Laos voisin. Nous nous garons sur le parking le plus proche du sommet, il fait encore nuit, il y a du brouillard. Le parking est presque plein, des stands vendent du café, des nouilles instantanées et… des gants ! Il ne fait pourtant pas froid !? Zut, nous avons oublié la lampe de poche, et on n’y voit pas grand-chose dans l’obscurité. Nous décidons de suivre un groupe d’enfants qui montent au sommet. Nous y étions déjà montés la veille en fin d’après-midi, et c’était déjà assez brumeux, mais on avait repéré le coin d’où semblaient avoir été prises les photos du lever de soleil qu’on voyait sur les cartes postales, en peu en dessous du sommet pour qu’il soit aussi sur la photo. Nous nous y rendons, mais rien à faire, nous avons beau essayer d’invoquer Phu Chee Fah, le brouillard ne se lève pas et on n’y voit rien. Nous redescendons sans photo, alors que des retardataires montent encore, et rentrons déjeuner à l’hôtel et regarder les nuages qui ne semblent pas vouloir dévoiler ce mystérieux mont Phu Chee Fah. A part ça, la vue est belle, l’air est pur, et on est bien dans ces montagnes du nord !

Malgré tout, il faut bien que nous rentrions à Chiang Rai, car nous en sommes relativement loin. La route est peu intéressante, heureusement que nous avons encore quelques problèmes de chambre à air pour égayer le trajet.

Ah, si je n’ai pas trop de photos à vous montrer de cette virée, c’est dû à une erreur de manipulation qui m’a fait perdre les photos prises depuis Mae Sai. (en fait si, les photos ont été retrouvées plus tard)

En route pour le Nord-Est

C’est décidé, nous quittons Chiang Rai le lendemain. Marre des endroits touristiques ? Ok, je pointe une petite ville sur la carte en direction de l’est, à la croisée de deux routes, et nous réservons des places dans le bus de nuit. Le trajet se passe bien, les places sont confortables, même si on est passablement secoués. A quatre heures du matin, on nous débarque dans les rues glauques de la petite ville de Lom Sak, la destination que j’avais choisie. Elle ne figure pas dans le Lonely Planet (ben oui, on avait dit pas touristique), donc aucune adresse d’hôtel ou de guesthouse sous la main. On se ballade un peu dans les rues, même à cette heure le marché est ouvert (j’ai l’impression que ça ne doit jamais fermer), on arrive à se faire indiquer un hôtel, et on dort encore un peu. L. est fâché : « Mais qu’est-ce qu’on fout là ? C’est moche, c’est sale, il n’y a rien ! » Ben non, si personne n’en parle dans les guides, c’est qu’effectivement il n’y a rien à cet endroit… En fait j’avais choisi cette destination parce qu’il y a des parcs naturels à proximité, que ce n’était pas une trop grande ville et je pensais qu’on verrait une fois sur place ce qu’on ferait. La seule priorité de L. est de partir de cet endroit au plus vite, tout semble le dégoûter ici, il n’ose s’arrêter nulle part pour manger, nous prenons donc le prochain bus pour l’Est, destination Khon Kaen, et tant pis si c’est une grande ville.

Commentaires

1. Le mardi, 29 janvier 2008, 18:16 par L.

Il y a des endroits où il fait mieux passer son chemin.

Amis lecteurs, je vous déconseille Lom Sak, Khon Kaen est nettement plus intéressante et il y également des parcs à proximité si mes souvenirs sont bons.

Saluons tout de même au passage l'esprit aventureux de la rédactrice.