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Printemps à Hiroshima

Il fait doux à Hiroshima, je monte dans le tram bondé pour me rendre au ryokan où j’ai réservé une chambre. Je constate avec surprise qu’il y a plusieurs jeunes filles vêtues de ce que je crois être des kimonos dans mon ignorance d’occidentale ;-) C’est le week-end, l’ambiance est détendue.

J’occupe une chambre traditionnelle japonaise, avec tatamis, futon et télévision (le seul « meuble » de la pièce). Mais au moins, pas de climatisation, je peux ouvrir la fenêtre et avoir de l’air frais pour dormir. Et un ou deux moustiques, pour changer… Salle de bain japonaise sur l’étage, avec robinet et douche pour se laver et le bain pour se relaxer. L’eau est toujours aussi chaude, ça doit finalement être la température normale, il faudra que je m’y fasse. En tout cas, comme ça je ne m’y attarde pas.

Je pars me promener en ville le soir. Entre l’hôtel et le centre ville se trouve le parc mémorial pour la paix, une belle zone de verdure où se dressent divers monuments à la mémoire des victimes de la première bombe atomique de l’histoire de l’humanité. Le soleil, grosse bombe atomique naturelle, se couche sur les vestiges du A-Dome, un ancien centre de promotion économique qui se trouvait presque sous l’épicentre et qui est maintenu pour que jamais l’on n’oublie. A proximité, les clameurs du public proviennent du stade voisin, où s’affrontent pacifiquement deux équipes de baseball, un des sports favoris du pays.

Mes pas m’emmènent vers le centre ville, et je croise de plus en plus de gens en vêtements traditionnels. C’est la fête en ville, il y a des stands de nourriture, et les rues sont pleines de monde. C’est vraiment très sympa. J’apprendrai plus tard que ce week-end a lieu le toukasan, une fête qui célèbre le début officieux de l’été, et que les gens en profitent pour revêtir leur yukata, un vêtement léger pour les beaux jours. J’ai de la chance d’être à Hiroshima ces jours, car je n’en avais entendu parler nulle part.

Le lendemain, je visite la ville et le musée pour la paix, musée plein d’espoir et de douleur qui rêve d’un monde qui aurait banni les armes atomiques, et qui nous fait partager la douloureuse expérience qu’elle a traversée il y a 60 ans, lorsque par un beau matin d’été la ville a été réduite au néant, et que 200'000 de ses habitants ont perdu la vie. Ainsi que des travailleurs forcés coréens et chinois, et des prisonniers de guerre, dont des américains. Il fallait bien justifier les deux milliards de dollars qu’avait coûté le projet Manhattan… Le Japon était loin d’être un enfant de chœur à l’époque, mais les guerres ne sont pas faites de méchants et de gentils, seulement de gagnants et de perdants.

Heureusement le soleil brille quand je quitte le musée et dissipe le malaise qu’on ne peut qu’éprouver en visitant cet endroit.

L’office du tourisme m’a indiqué une place où auraient lieu des danses populaires japonaises le soir, et je traverse les rues grouillantes de monde (ça me fait un peu penser aux fêtes de la Cité de Lausanne, sauf qu’il ne pleut pas). Une sorte de tour se dresse au milieu de la place, d’où est diffusée de la musique pendant que des hommes accentuent le rythme sur des tambours. Les gens dansent autour de la tour, tout le monde répète les mêmes mouvements. Il y a aussi quelques touristes occidentaux, qui ont fait l’effort de s’acheter un yukata, et un éventail pour chasser les mauvais esprits.