Le chauffeur doit bien faire du 160 de moyenne sur une route en état variable, parois défoncée. Il faut tout de même parfois s'arrêter pour laisser passer un troupeau de dromadaires ou donner notre itinéraire à un poste de contrôle.

Il pleut pratiquement toute la journée. On s'arrête manger dans un genre de restoroute à touristes où on nous sert une tambouille discutable. On va visiter ensuite les greniers fortifiés de Nalut, mais avec la pluie on a un peu de peine à apprécier. Les explications de Yakub sont toujours aussi peu convaincantes, bien qu'on soit en région berbère et près de là d'où il vient. On arrive finalement sur la côte, la végétation est plus abondante, la population et les déchets aussi. On nous dépose dans un immense complexe hôtelier quasi désertique et glacial. On pousse le chauffage presque à fond dans la chambre, je suis congelée et fatiguée par le trajet à tombeau ouvert avec des suspensions super dures. Le repas à l'hôtel est bon, mais à part un autre couple de touristes, nous sommes seules dans l'immense salle à manger non chauffée. Il pleut toujours.

Petit déjeuner dans la salle à manger toujours glaciale de l'hôtel. Jakub vient nous chercher. Tiens, cette fois c'est à nous de payer les thés et cafés pris le soir. Nous partons pour le site archéologique de Sabratha. Plus de chauffeur à présent, c'est notre cher guide qui conduit. Sur le site nous rejoint notre guide local pour nous expliquer l'histoire de la cité antique. Abou Baqer est un enseignant à la retraite, assez intarissable sur les vieilles pierres, maisons, temples et autres forums. Et qui tente aussi de nous sauver, nous philosophons beaucoup sur la religion. Nous passons une assez bonne journée en sa compagnie, malgré la pluie et les rafales de vent. Et malgré l'incontournable restaurant à touristes où nous mangeons je ne sais même plus quoi.

Nous reprenons la route pour Tripoli et pour l'hôtel assez quelconque où nous passerons les deux prochaines nuits. Nous passons la soirée dans un restaurant semble-t-il tunisien où nous mangeons un très bon veau de mer. Nous discutons pas mal avec Yakub, qui nous dit que nous devrions devenir guides, que c'est facile et que ça paie bien. On a effectivement pu le voir avec lui, et cette discussion nous confirme bien des choses sur son incompétence.

Il y a peu de monde dans le restaurant, un couple à côté de nous, dont la femme décide de partir à peine leur repas servi, sans y toucher, son compagnon lui ayant fait l'affront de passer trop de temps à discuter à une autre table sans s'occuper d'elle. A une autre table, un guide, une touriste anglophone et une dame arabe. Cette dernière pique une crise lorsque le guide lui dit que la cigarette qu'elle vient d'allumer incommode l'autre dame. Elle la lui jette à la figure en se levant, furieuse, et l'insulte copieusement à travers le restaurant. Les Libyennes semblent avoir un sacré tempérament. Nous allons boire encore un thé dans un bar à café quelconque où la télé hurle.

Nous passons enfin à l'hôtel chercher nos billets d'avion que Yakub doit faire confirmer. Il ose à peine entrer dans la chambre, puis repart en nous faisant timidement la bise pour la nouvelle année. On papote encore une peu en attendant minuit, en se disant qu'on n'a plus ni billets, ni passeports (ils sont à la réception de l'hôtel). Bonne année et dodo.