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Bali à la saison des pluies

L’Indonésie c’est mieux que la loterie, je suis millionnaire au moins une fois par semaine… malheureusement, je dilapide ma fortune tout aussi vite, les prix s’affichant par milliers de roupies. J’avais entendu dire en Thaïlande que Bali était très bon marché, mais finalement les prix sont assez similaires à ceux du pays du sourire. Evidemment, en comparaison des prix européens, ça reste très avantageux.

Après deux mois en Thaïlande, nous sommes surtout frappés par le niveau de vie bien inférieur que l’on rencontre ici. Les gens semblent plus pauvres, les maisons plus simples, les véhicules plus vieux, moins bien entretenus.

En nous posant à Bali le premier soir, deux options se présentaient à nous, les stations balnéaires de Kuta et de Sanur. La première semblant être un endroit extrêmement touristique, du genre de Patong à Phuket, nous nous tournons naturellement vers la deuxième, bien qu’un peu plus huppée. Nous passerons quelques jours dans cette station balnéaire où les hôtels de luxe s’alignent le long d’une plage bordée de frangipaniers aux fleurs suavement odorantes.

Nous sommes hors saison touristique et à l’approche du nouvel an balinais. Les gens décorent les rues et préparent quantité de petits autels pour faire des offrandes aux esprits. Beaucoup de commerces sont fermés, la ville est un peu morte. Il n’y a malheureusement pas tellement de restaurants et de commerces locaux, tout est fait pour le touriste, à des prix prohibitifs.

Le seul point bien touristique dont nous aurions voulu pouvoir disposer est un bon accès à Internet, mais malheureusement c’est introuvable ici. L’ADSL ne semble tout simplement pas exister sur l’île, au mieux on trouve des cybercafés équipés d’une réception par satellite, mais la plupart des accès se font par connexion modem… partagée entre les différents postes. Ma foi, on s’y fait, même si L. est un peu horrifié :-)

Ce n’est pas facile de visiter Bali après notre séjour en Thaïlande, car même si c’est une île magnifique, on a tendance à comparer les deux et je dois avouer que la Thaïlande a quelque chose en plus.

Je crois que je ne suis pas faite pour visiter des pays trop pauvres. Ce n’est certes pas la misère ici, mais la vie ne semble pas facile pour tout le monde, on voit les gens travailler durement dans les rizières, avec des moyens ancestraux. On voit beaucoup de gens, surtout des femmes, transporter un peu de tout sur leur tête. L. a même pris une photo d’une femme qui transportait deux bouteilles de plongées sur la tête ! Je n’y ai pas assisté, car je plongeais moi-même (et non, mon matériel n’était pas transporté ainsi !). On pourrait trouver ça pittoresque, mais je suis choquée à la longue de voir les femmes trimer toute la journée et les hommes assis au bord de la route à fumer des cigarettes, jouer aux cartes et boire des bières le soir. Sans compter que Bali étant hindouiste, le système des castes est bien entendu de rigueur. Bref, beaucoup d’inégalités qui me restent en travers de la gorge.

L’autre aspect désagréable rencontré en Indonésie est l’agressivité des gens, qui ne nous lâchent pas pour nous vendre des babioles, des excursions, des transports, combinée avec la chute du tourisme dans ce pays ces dernières années. L’effondrement de l’économie indonésienne après quelques décennies de croissance lors de la crise asiatique à la fin des années 1990, puis les attentats à Bali en 2002 ont mis à mal l’image du pays, et les touristes se font plus rares. Résultat, les miettes restantes du gâteau ne s’arrachent que plus férocement, et donnent surtout envie aux touristes qui s’y frottent de s’enfuir au plus vite. De plus, les prix demandés aux touristes sont excessivement plus élevés que les prix normaux, donnant l’impression de se faire systématiquement racketter.

Un jour sans fin

Nous avons finalement trouvé un endroit relativement calme à l’Est de l’île, dans un village du nom d’Amed. Rien de transcendant, mais le bungalow est agréable et le prix correct, et nous sommes à proximité d’un site de plongée sur lequel il y a une épave que je voulais voir.

Le lendemain de notre arrivée dans ce village a eu lieu le Nyepi, le nouvel an balinais. La tradition veut que durant cette journée, rien ne se passe, on ne parle pas, on ne sort pas de chez soi, on n’allume pas de lumière, il s’agit de faire croire aux mauvais esprits que l’île est inhabitée ! La veille, dans certaines villes, il y a des cortèges avec des défilés de statues en papier mâché, mais rien de tout ça dans le village où nous nous trouvons. Il faut dire que L. se désintéresse assez royalement de tout l’aspect culturel de Bali, ce qui m’énerve quelque peu. Nous passons bien à proximité d’une cérémonie d’offrandes dans le village, mais il refuse d’y assister. Bon, j’aurai dû le laisser partir et rester, tant pis pour moi. Le jour suivant, nous avons donc passé la journée tranquillement dans le bungalow à bouquiner. Le temps est un peu long, mais on a quand même le droit de manger, et on apprécie le calme extrême de cette journée, et l’absence des pétarades de motos indonésiennes.

La plongée sur l’épave du cargo Liberty à Tulamben n’était pas terrible, l’eau étant assez trouble. Le Nyepi a lieu à la nouvelle lune, ce qui entraîne une marée importante et donc des vagues. Zut, je ne connais pas tout ça moi, il n’y a pas de marées sur le Léman ! Mais, même troubles, les eaux balinaises restent plus claires que celles du lac, je suis tout de même contente. L. est moins à l’aise à cause de son manque d’expérience et renonce à la deuxième plongée.

Gunung Agung, ou l’Olympe balinaise

Le principal volcan de Bali domine le village, et nous nous renseignons sur les possibilités de trekking. On nous propose l’escalade du volcan avant l’aube pour admirer le lever du soleil depuis le sommet. Il y en a pour quatre heures de marche assez raide, mais on nous assure que presque tout le monde peut le faire. Nous finissons par accepter l’offre d’un chauffeur qui nous mènera au temple d’où un guide nous conduira au sommet. Il semble qu’il soit de toute façon presque obligatoire de recourir à un guide, et si c’est pour monter de nuit, ça vaut sans doute mieux. Le volcan semble bien dégagé ce soir-là, nous nous décidons et prenons donc rendez-vous pour une heure du matin, cette nuit même !

Vers deux heures et demi, nous commençons donc à suivre notre guide, réveillé il y a quelques instants par le chauffeur. Il commence par s’acheter quelques cigarettes pour la route devant le temple, en grille une de suite et nous partons à sa suite, équipés d’une lampe fournie par le chauffeur. Que dire ensuite si ce n’est que ça grimpe sans répit, d’abord dans la forêt, puis dans la rocaille, que c’est glissant d’humidité et que les pierres roulent sous les pieds ? Une allemande nous dépasse en route, je n’ai de loin pas son agilité et son endurance, et je commence à ressentir que je n’ai dormi que deux heures cette nuit. C’est tout juste si je ne fais pas les derniers mètres à quatre pattes, mais dans les premières lueurs de l’aube nous atteignons le sommet. L’allemande est là depuis une demi-heure, elle est frigorifiée. C’est vrai qu’il ne fait pas chaud, et après deux mois et demi de chaleur tropicale on n’a plus l’habitude d’avoir les doigts engourdis par le froid. Les guides sont également congelés, ils se reposent comme ils peuvent. Je ne serai pas surprise s’ils montent deux fois par jour.

Nous voici dans la demeure des dieux balinais, lorsqu’ils se rendent dans l’île. Le spectacle est magnifique, on a l’impression d’être dans un avion. Je prends peu de photos, je suis tellement épuisée que je tremble, j’ai peur de tomber avec mon appareil photo, j’ose à peine me pencher vers l’intérieur du cratère ! Je mange quelques biscuits et une banane pour reprendre des forces, j’appréhende un peu la descente, après la montée qu’on a eue.

Vient en effet le moment de redescendre, et comme je le craignais, c’est franchement la galère. Heureusement qu’il faisait nuit à la montée, au moins je ne voyais pas où on passait ! Bien entendu, je me sens parfaitement ridicule quand je vois des gens du pays monter à pieds nus ou en tongs, des paniers d’offrandes sur la tête ou une chèvre sur les épaules, alors que je titube dans mes adidas super profilées… sans parler bien entendu du soleil qui commence à cogner alors que nous avons profité de la fraîcheur nocturne. La dernière heure de descente est vraiment pénible, j’apprécie l’appui de la main du guide, car mes jambes n’arrivent plus à amortir les inégalités du terrain, et lui est pressé de retourner dormir !

Nous passerons le reste de la journée à dormir, et il me faudra trois bonnes journées pour que les courbatures disparaissent. A peine moins pour L., ça me rassure.

Des plages et des temples

Les routes de Bali sont juste un peu plus étroites que celles de Thaïlande, avec deux fois plus de trafic et des nids de poules un peu plus nombreux. Les gens roulent plus vite et n’ont aucune considération pour les autres usagers. Les véhicules sont plus pourris et polluent deux fois plus. A part ça les motos sont à peu près les mêmes et nous ne rencontrons aucun problème sur les routes.

Nous nous rendons au temple de Besakih, au pied du volcan. Il s’agit du temple principal de Bali. A peine arrivés, nous nous faisons harceler par les « guides », impossible de faire un pas sans qu’ils nous proposent leurs services, en dizaines de milliers de roupies ou en euros. L’un d’entre eux nous accoste avec une tactique que nous rencontrerons plus d’une fois dans ce pays, se faisant passer pour un employé officiel de l’endroit et nous disant qu’effectivement, ces prétendus guides sont bien gênants. Lui ne nous demande rien, mais bien entendu on peut lui donner un pourboire à la fin de la visite si on est contents. On le prévient qu’on ne donnera rien, qu’on lui paiera quelque chose à boire à la fin s’il veut. Il nous promène assez vite entre les temples, nous donne quelques explications, s’impatiente un peu lorsque nous traînons à prendre des photos. Après tout, je n’ai pas envie de courir, l’escalade du volcan remonte à la veille et mes cuisses refusent de gambader joyeusement dans les escaliers. On essaie de nous vendre à boire à tous les coins de temples, et ici rien à faire, ils ne comprennent pas quand on dit non. A la fin, notre « gardien du temple » refusera le coca que nous lui offrons, et râlera bien quand on lui en donnera la valeur équivalente en roupies. Ma foi, on avait prévenu qu’on ne voulait pas de guide et qu’on ne donnerait rien…

Ah oui, à part ça le site de Besakih était assez intéressant à voir, mais le harcèlement incessant tue tout le plaisir.

Au retour, nous prenons une petite route côtière pour revenir à Amed. Nous traversons de nombreux petits villages, c’est la fin de la journée. Beaucoup de gens se baignent dans les ruisseaux. Les enfants courent vers nous en criant « Hello ! » en tendant les bras. Est-ce de la parano ou il me semble aussi en entendre qui crient « Money, money » ? Des touristes auraient-ils pris l’habitude de leur jeter de l’argent ? Nous n’en saurons rien, à l’hôtel on nous prétend que non, les enfants ne demandent pas d’argent…

J’arrive encore à entraîner L. dans un temple, sur une montagne voisine d’Amed. L’escalade de 1700 marches d’escaliers aura fourni un prétexte suffisant. En route, un garçon court à côté de la moto. Il tient entre les mains un petit nid avec des oisillons qu’il nous montre, et nous confirme que nous sommes bien sur le chemin de Pura Lempuyan. Et il nous réclame 1000 roupies… Là-haut, en haut de l’escalier, le plaisir de ne voir personne, et d’avoir un panorama magnifique sur l’Agung, qui se dégage des brumes alors que le soleil s’apprête à se coucher. Il fait délicieusement frais, nous savourons ce calme avant de redescendre.

Le bungalow est à deux pas de la mer, mais nous nous baignons peu, il fait trop chaud. Nous essayons de nous lever tôt pour profiter de la fraîcheur de l’aube. Un matin, nous arrivons même à admirer le lever du soleil, qui nous permet de voir l’île voisine de Lombok, qui disparaît ensuite dans les brumes de la journée. L’Agung se dresse majestueux, dénué de toute brume, rosissant dans les rayons du levant. Les gens se baignent dans la mer, un père s’amuse avec ses enfants. Il me semble que ce sont souvent les garçons que je vois s’amuser… ah oui, normal, les filles aident leur mère à chercher l’eau au puits, ou à d’autres tâches ménagères...

Commentaires

1. Le jeudi, 31 mars 2005, 21:30 par Ganesh

Ben ca a bien changé Bali depuis que j'y suis allé il y a 5 ans. Ce donnait l'impression d'une ile assez prospere, meme si effectivement en dehors des zones toutistiques (ou je ne me suis pas trop attardé) les paysans travaillaient avec des moyens tres limités (un boeuf et une charrue) Par contre je n'ai jamais été harcelé pour qu'on me vende quoi que ce soit. Et les contacts avec les balinais étaient assez faciles (je parlais quelques rudiments d'indonesien).

2. Le mardi, 5 avril 2005, 14:24 par Domi

Eh bien Ginette... es-tu bien sûre d'être à Bali et pas à Java... ???
Selon tes expériences, malheureusement pas toujours enchanteuses, cette petite île a effectivement vachement beaucoup changé en une dizaine d'année... à moins que le temps qui passe nous ait rendus à ce point plus exigeants et plus critiques ?!! Les beaux paysages c'est bien sûr important mais l'accueil de la population et le sentiment d'être en harmonie avec les gens même en ne parlant pas leur langue est encore plus essentiel. Tes récits me font étrangement penser à bien des épisodes vécus en Inde dernièrement... et j'ai franchement pas trouvé ca cool du tout.J'ai même eu l'idée de finir mon voyage à Bali avant de rentrer en Suisse, histoire de décompresser. Finalement, heureusement que je n'ai pas choisi cette option ainsi je peux garder mes souvenirs des balinais charmants et discrets que j'avais rencontrés à l'époque.