Gin.net on the road

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Libye - jours 12, 13 et 14

On attaque la journée par une visite du musée de Tripoli. Il y a quelques très belles antiquités, et le guide francophone qui nous fait visiter s'en sort assez bien. On expédie les dernières salles consacrées à la révolution de Khadafi, mais on commence à en avoir plein les pattes après trois heures de visite. Il pleut toujours et nous faisons une brève visite du souk de la vieille ville aux ruelles boueuses.

Je suis crevée. On passe à l'hôtel et je m'écroule pour les quelques heures qu'il reste jusqu'au souper. On mange des tajines dans un restaurant marocain, mais c'est pas terrible. Je me retrouve avec un gros morceau de mouton quasiment sans accompagnement. On commence à en avoir marre des soupes, salades et couscous.

Aujourd'hui, visite du site archéologique de Leptis Magna. C'est à une bonne heure de route de Tripoli. Sur place, un nouveau guide local nous attend. Interdiction d'entrer sur le site avec un sac. Bon, je transfère une bonne partie du contenu de mon sac à main dans les poches de ma veste, très pratique. La météo est un peu plus clémente que la veille, et on a droit à de belles éclaircies, mais aussi à quelques averses, très bien pour l'appareil photo que je protège tant bien que mal sous ma veste (ça vaut bien la peine d'avoir un sac photo avec une protection pour la pluie... quand on ne peut prendre le sac).

Le guide est inintéressant et ne nous dit que des évidences sur les monuments. On essaie parfois de tendre l'oreille aux explications des autres guides, mais en même temps on préfère éviter d'être avec les groupes nombreux qu'ils accompagnent. Le site est immense, mais tout est détrempé, et certains passages sont délicats pour éviter de se retrouver avec les pieds dans l'eau.

Après un repas dans un sempiternel restaurant touristique, nous passons encore un peu de temps à visiter le cirque immense, un peu à l'écart du reste de la cité antique. Certaines zones sont presque dangereuses, tous ces vestiges romains avaient essentiellement été restaurés par les italiens sous Mussolini, les nouveaux romains. Depuis leur départ après la deuxième guerre mondiale, plus grand chose n'a été fait. Des étudiants viennent parfois faire des fouilles, mais en plein été sous un soleil de plomb. Les villes avaient également été pillées de tous leurs marbres durant les siècles précédent, c'est moins cher que d'en extraire du nouveau. Il reste d'ailleurs sur la plage trois immenses colonnes de marbre vert qui n'ont jamais pu être emportée, tant elles sont lourdes. Et dire qu'il y a près de deux mille ans, les romains avaient bien réussi à les amener là de Grèce !

Nous retournons à Tripoli, parfois un peu stressées par la façon de conduire locale. La route est pourtant large, il y a deux fois deux voies, mais comme il n'y a pas de bretelles d'accès, il y a parfois des véhicules arrêtés sur la voie de gauche qui attendent de pouvoir traverser la voie inverse pour tourner à gauche ! Imaginez ça sur une autoroute ici, car en plus les gens roulent vite !

Pour les deux dernières nuits, nous sommes logées dans un très bel hôtel en plein centre de la vieille ville, ancienne bâtisse restaurée dans la médina, juste à côté de l'arc Marc Aurèle et d'une très belle mosquée. Nous réussissons à nous débarrasser de Yakub jusqu'au repas et allons nous promener dans les ruelles du souk, et aussi dans les ruelles non commerçantes. C'est l'occasion pour nous d'approcher enfin un peu la réalité. Une femme nous fait un signe de la main depuis sa porte. Nous la saluons en retour. Elle nous fait signe d'approcher. Nous invite à entrer boire le thé, envoie sa fille chercher des gâteaux, appelle sa voisine pour venir voir les bêtes curieuses que nous sommes. Elles ne parlent bien entendu rien d'autre que l'arabe, et notre pauvre vocabulaire s'arrête à bonjour, au-revoir et merci, et deux ou trois autres mots que nous placerons tant bien que mal, mais pas réellement de quoi tenir une conversation. Il n'empêche qu'enfin nous pouvons parler avec des femmes, ce qui n'avait pas été possible jusqu'alors, Yakub ne connaissant que sa mère et ses sœurs, jamais il n'oserait adresser la parole à une autre femme ! Nous comprenons qu'elle est veuve et vit avec sa fille dans ce minuscule appartement. Elle apprend que nous ne sommes pas mariées et semble dire que nous avons bien raison ! Voilà qui change du discours masculin. Nous prenons quelques photos, la voisine accepte de retirer son foulard, nous dévoilant une chevelure magnifique ! Elle nous prend aussi en photo sur son téléphone portable, nous montre une vidéo prise lors de l'enterrement de vie de jeune fille d'une de ses amies ou cousines, elles s'amusent bien les filles, dansent et s'éclatent ! Dommage tout de même cette ségrégation des sexes, qui ne fait qu'entretenir la méconnaissance de l'autre... Elles voudraient encore nous inviter à manger, mais nous devons partir, notre repas est réservé à l'hôtel. Elles veulent encore nous faire des cadeaux, et même si ce n'est pas grand chose, elles nous mettent bien mal à l'aise. Malgré tout, que de rires, et même sans paroles, un simple sourire est source de beaucoup d'échanges.

Pour la dernière journée, nous avions demandé à aller au hammam. Pas de chance, Yakub a constaté la veille que les anciens bains de la ville ne sont pas ouverts aux femmes ce jour-là. Du coup, il nous emmène dans une rue résidentielle un peu en dehors du centre, où au pied d'un HLM se trouve un hammam de quartier. Il nous débarque là sans plus d'information. Moi qui n'ai jamais mis les pieds dans un hammam, je suis bien empruntée, je n'ai aucune idée de la marche à suivre. Toute l'information que nous avions pu soutirer la veille de Yakub, c'est qu'on n'y va pas tout nu. Heureusement, l'accueil est tout à fait sympathique, et les autres utilisatrices du lieu tentent de nous montrer tant bien que mal dans quel ordre on se lave et on va transpirer en s'enduisant de ce qui semble être du savon noir. La communication est à nouveau très limitée. "Non, nous ne sommes pas soeurs." "Ah, les deux superbes jeunes femmes en dessous sexy sont jumelles ? on ne s'en serait pas doutées ;-)" Nous finissons la matinée dans le souk, achetant quelques souvenirs. Visite également de la mosquée.

On tente de faire de la résistance pour le repas de midi, pas envie de se faire imposer encore une fois ce que nous allons manger. On peut manger autre chose, mais pas ailleurs, et il faut y aller de notre poche. Je ne me souviens plus si nous avons céder sur le menu, je me rappelle juste que Yakub nous a laissées là et que nous avons au moins pu manger tranquillement. Un serveur tunisien nous propose même du vin, que nous préférons refuser, nous ne sommes plus à vingt-quatre heures d'abstinence près. Il aura la gentillesse de nous emmener ensuite à quelques rues de là dans une bonne pâtisserie, afin que nous puissions acheter des douceurs à ramener à nos proches. Un dernier après-midi à flâner dans la ville, à profiter des températures agréables de ce mois de janvier, et à prendre le soleil avant de retourner en hiver.

Levées avant l'aube, nous nous dirigeons vers l'aéroport dans les premières lueurs du jour. Yakub nous offre des pâtisseries au miel dont il nous avait parlé, nous en sommes presque étonnées, car il est vrai qu'à la fin du voyage nous n'avons pas toujours été des modèles de gentillesse à son égard. Dernières formalités douanières, passage au duty free, embarquement. Je crois bien que nous avons pu emporter avec nous une grande bouteille d'eau... ironie des contrôles paranoïaques que nous subissons avant de quitter notre pays, mais pas avant d'y retourner. L'avion s'envole sur une piste bordée de silhouettes d'avions qui n'ont pas du prendre les airs depuis fort longtemps... c'est très rassurant ces carcasses en bord de piste.

Commentaires

1. Le lundi, 29 décembre 2008, 00:44 par jean-mii

Récit fort intéressant... qui me fait rappeler un voyage à Pamukkale et le guide qui nous avait été attribué : ce dernier ne faisait que réciter et traduire ce qu'il lisait dans un guide "papier". Mais que fait l'union internaltionale des guides - si tant est que cette organisation existe ! - pour remonter le niveau de connaissance de ses membres ! je regrette vraiment les guides rencontrés dans le pays d'Oz qui vivaient ce qu'ils montraient ! Tes photos ajoutent de la consistance au texte, et me font rêver, ayant été toujours fasciné par le monde antique en général, romain en particulier. Pour terminer, cela fait bizarre de voir des photos de désert en rentrant de ski (de fond) par - 10°C...
A tout bientôt

2. Le mardi, 30 décembre 2008, 14:47 par Gin.net

C'est vrai que les guides australiens m'ont donné goût aux voyages "organisés", moi qui me jurais presque de ne jamais y avoir recours. Malheureusement, tous ne s'investissent pas comme eux dans ce rôle, et n'ont pas cette féroce envie de faire partager l'amour qu'ils ont pour leur pays et de t'en faire percevoir l'âme.

3. Le mardi, 30 décembre 2008, 17:40 par danae

Bravo pour ton récit. J'ai été heureuse de revoir quelques photos de Leptis Magna où je suis allée deux fois.
La première fois, il y avait en bas du théâtre, de chaque côté , deux statues d'homme nu qui étaient magnifiques mais je crois que maintenant elles sont dans un musée. Dommage de ne pas les avoir laissées sur place.

amicalement
danae

4. Le mercredi, 31 décembre 2008, 23:41 par Gin.net

Merci danae,

Ces statues sont très probablement au musée de Tripoli, il y en avait pas mal là-bas. Je n'en ai que quelques mauvaises photos prises en vitesse au compact, je n'avais pas eu envie de payer pour prendre des photos dans le musée. Car sur chaque site, dans chaque musée, il faut payer un droit pour prendre des photos.

Je te souhaite mes meilleurs vœux pour une année 2009 riche en voyages et rencontres !

5. Le dimanche, 4 janvier 2009, 16:45 par danae

Bon an 9 à toi aussi et beaucoup de voyages !

Petra ça doit être splendide !
Pour l'instant je me contente de mes souvenirs et c'est déjà pas si mal !

bisous
danae

6. Le lundi, 25 octobre 2010, 10:36 par danae

Excuse-moi Gin net, j'avais copié il y a longtemps quelques unes de tes photos, et au bout du compte je les avais mélangées avec les miennes, et je ne me souvenais plus qu'elles étaient les miennes. Je vais réparer bien vite car ce n'est pas mon genre (en réalité" j'avais quelques doutes mais je n'étais pas revenue voir sur ton blog) et si tu veux bien , je vais te citer pour essayer de réparer . Sinon je peux aussi les retirer. Dis-moi.

7. Le mardi, 24 mai 2011, 10:13 par danae

Je te remercie d'être venue lire un épisode de mon voyage en Libye. Je pense qu'il te rappellera de bons souvenirs. Il va se poursuivre par un carnet de voyage au jour le jour sur 13 épisodes. J'espère que tu vas bien, que tu voyages toujours et je t'embrasse.