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Kakadu

Puisque j’aime les circuits, j’ai décidé de remettre ça une dernière fois dans le parc national de Kakadu. Me voici donc à présent au pays de Crocodile Dundee et des moustiques. Un petit circuit de trois jours, avec Annie, la guide du tour précédent qui m’avait conduite de Broome à Darwin.

Quinze personnes bien tassées dans un bus 4x4, dont deux des participantes de la semaine précédente, Sandra la chanteuse hollandaise déjantée et Rachael l’anglaise, et aussi Nicola, une écossaise rencontrée à Darwin, avec un accent tel que je ne comprends jamais un traître mot de ce qu’elle raconte. Programme assez léger le premier jour, le trajet occupe la plus grande partie du temps. Tout de même une petite croisière sur le billabong pour observer les crocodiles, mais c’est déjà la fin de la matinée et ceux-ci cherchent la fraîcheur à l’ombre de la mangrove et sont difficiles à repérer. Les marécages regorgent cependant de vie et les oiseaux sont très nombreux.

Nous nous arrêterons plus tard à Ubirr, un site d’art aborigène avec de très nombreuses peintures rupestres. Les dessins qui ornent les parois n’ont pas de but artistique, mais plutôt un objectif pédagogique. Au cours des siècles et depuis plus de vingt mille ans, les anciens ont complété ces fresques, décrivant les histoires du Temps du Rêve. Le peu qu’Annie peut nous en raconter, ce sont les histoires que les aborigènes veulent bien révéler à l’homme blanc, les histoires pour non-initiés, les histoires qu’eux-mêmes content aux enfants.

Une fresque peut avoir différents niveaux de lecture et servir à l’enseignement de la loi, de la chasse, de la morale, des légendes des esprits qui ont modelé la Terre au commencement du temps, créant les animaux, les hommes et leur donnant des lois. Car les lois ne sont pas l’œuvre de l’homme, mais appartiennent à la Terre, et es punitions sont sévères pour ceux qui les enfreignent. Les lois changent selon les régions, mais les hommes appartiennent à une tribu, et une tribu appartient à sa terre et a pour charge d’en prendre soin.

Le lien qui unit les hommes à leur terre est extrêmement fort, et ils savent parfaitement en gérer les ressources et vivre en harmonie avec elle. Lorsque l’homme blanc est arrivé, le seul moyen pour les aborigènes de rester vivre sur leurs terres était d’y travailler. On voit sur certaines peintures des petits bonshommes qui semblent être des graffitis de touristes irrespectueux, mais qui sont des ajouts faits par les aborigènes, puisque les dessins représentent leur environnement : un petit bonhomme blanc, les mains dans les poches… le colon, le patron qui donne des ordres !

Ces fresques demeurent malgré tout assez mystérieuses, et même s’il y a encore des gens pour les comprendre, ce n’est pas très facile d’y voir clair dans les couches successives de dessins qui composent certaines. D’un point de vue historique, la présence sur certaines d’animaux qui ne se trouvent plus dans la région de nos jours a permis de les dater. Non pas qu’ils aient été exterminés (enfin, pour certains c’est le cas), mais parce que les glaciations et autres changements du niveau des océans et du climat ont façonné l’environnement au cours des millénaires. Et les forêts de Kakadu ont un jour été de grandes plaines où gambadaient les kangourous. Pouvant dater ces changements climatiques, on a pu estimer que les aborigènes étaient déjà présents il y a 50 à 60'000 ans. Pas si mal pour un pays déclaré inhabité par de prétentieux hommes blancs il y a à peine 200 ans !

Voilà, je vous ai étalé à peu près toute ma science concernant les aborigènes, et le reste du voyage à Kakadu a principalement consisté en de belles balades, un brin d’escalade, de bonnes baignades, dans la partie du parc où les crocos ne vont pas, un peu de guerre contre les moustiques, et la malheureuse conséquence de devoir dormir sous tente une des nuits.

Pour ceux qui par hasard connaissent Kakadu, nous ne sommes pas allés à Jim Jim Falls ni à Twin Falls, qui étaient encore inaccessibles en cette saison.